Des engagements positifs et des défis… Que représente la COP28 pour l’investisseur?

La COP 28, la 28e édition de la conférence de l'ONU sur le climat, s’est refermée le 13 décembre 2023 sur une déclaration finale en demi-teinte. Mais elle n’est pas non plus un coup dans l’eau. Le tabou des combustibles fossiles est brisé, ce qui ouvre des portes aux investisseurs visionnaires.

L'hydrogène, les biocarburants et les batteries de nouvelle génération n'en sont encore qu'à leurs débuts, mais ils ont le potentiel de détrôner le pétrole.

Jonas Theyssens, analyste actions KBC Asset Management

 

Un tabou brisé

C'est la sortie progressive des combustibles fossiles qui a fait le plus de bruit. ‘Les combustibles fossiles sont une source de revenus majeure pour la Russie et de nombreux pays arabes. Le fait que les négociations aient été présidées par l'État pétrolier de Dubaï a compliqué l’obtention d'un consensus. Le cartel de l'OPEP a appelé ses membres à rejeter tout accord axé sur l'énergie plutôt que sur les émissions’, indique Cora Vandamme, senior economist KBC Economics.

 

L’opposition est venue des partisans de l'élimination progressive des combustibles fossiles. Ils n’ont pas été satisfaits de la formulation vague du projet de déclaration finale, mentionnant la réduction de l'utilisation des combustibles fossiles comme l'une des huit options pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. La déclaration finale énonce explicitement la transition vers l'abandon des combustibles fossiles, d'une manière juste, ordonnée et équitable.

 

L'inclusion de tous les combustibles fossiles dans la déclaration finale envoie un signal fort pour l'avenir. Bien que l’élimination progressive des combustibles fossiles n'ait pas été incluse, une transition vers l'abandon des combustibles fossiles est explicitement mentionnée dans la déclaration finale.

Cora Vandamme, Senior Economist KBC Economics

 

Tripler les énergies renouvelables, doubler l'efficacité énergétique

118 pays, parmi lesquels la Belgique, ont pris l'engagement non contraignant de tripler les capacités de production d'énergies renouvelables d'ici 2030. L'objectif de cet engagement consiste à réduire considérablement la part des combustibles fossiles dans la production mondiale d'énergie au cours de cette décennie.  Il vise également à doubler le taux annuel mondial d'amélioration de l'efficacité énergétique d'ici 2030. ‘Une étape importante est franchie. L'absence des signatures de la Chine et de l'Inde réduit toutefois la portée de cet accord’, nuance Cora Vandamme. Ces deux pays comptent en effet parmi les plus grands consommateurs de combustibles fossiles au monde.

 

118 pays s'engagent à tripler les capacités d'énergies renouvelables d'ici 2030. Réaliser cet objectif nécessitera des investissements considérables.

Cora Vandamme, Senior Economist KBC Economics

 

Défis et financement

Malgré les centaines de milliards injectés dans le secteur par des programmes gouvernementaux tels que la loi sur la réduction de l'inflation et le programme européen Fit for 55, la Bourse a vu rouge. L'écart entre les accords ambitieux sur le climat et les résultats des entreprises est resté béant. La complexité des procédures d'autorisation, la grave pénurie de personnel et les ambiguïtés entourant les avantages fiscaux sont autant d'obstacles à une véritable percée.  La hausse des taux d'intérêt, qui engendre l’attentisme des investisseurs, reste également un défi.

 

Bien que 2023 ait été une douche froide pour les investisseurs en énergies renouvelables, la COP28 est un grand pas dans la bonne direction. La transition énergétique ne se fait peut-être pas en ligne droite, mais elle est incontestablement inéluctable.

Jonas Theyssens, analyste actions KBC Asset Management

 

Un large éventail d'opportunités pour l’investisseur

Si les investissements dans la transition énergétique suivent d'une part le cycle économique et peuvent d'autre part être temporairement freinés par des intérêts géopolitiques, tout le monde s'accorde à dire que cette tendance est irréversible. Et cela ouvre des opportunités aux investisseurs.

‘Nous pensons avant tout aux producteurs d'énergies renouvelables et aux développeurs de projets verts. Ceux-ci sont nécessaires pour tenir la promesse de tripler les énergies renouvelables’, déclare Jonas Theyssens, analyste actions KBC Asset Management. La capacité de production d'électricité verte devra atteindre au moins 11 000 gigawatts en six ans à peine, ce qui représente une augmentation annuelle de 17%. L'Agence internationale de l'énergie (AIE) estime que cela nécessitera un investissement annuel de 1 200 milliards de dollars, soit le double du montant actuellement injecté dans le secteur.

Les entreprises qui construisent et exploitent des champs solaires, des parcs éoliens ou des centrales hydroélectriques lanceront de nouveaux projets. ‘Ces
entreprises de services aux collectivités ont connu une année difficile, mais des accords, tels que celui qui a  été conclu aujourd'hui au sommet sur le climat, sont incontestablement positifs. Ils alimentent une demande continue pour leurs projets.  La perspective d'une politique monétaire moins restrictive éclaire également à nouveau l'avenir de ces entreprises’, déclare Jonas Theyssens.

Outre les fabricants, les entreprises qui produisent et fournissent des équipements bénéficieront également d'un coup de pouce. ‘L'électricité doit être connectée au réseau si nous voulons l'acheminer vers les entreprises et les ménages’, ajoute Jonas Theyssens. ‘Pensez, par exemple, aux interrupteurs, aux transformateurs, au câblage, aux fusibles et aux onduleurs. Et quand l’on sait qu'avec l'augmentation des énergies renouvelables, l'offre d'électricité devient plus volatile, la demande de réseaux flexibles et intelligents pour équilibrer l'offre et la demande augmente également.’ 

 

L'offre de matières premières nécessaires à la production d'énergies renouvelables peine à répondre à la demande. Il est donc important d'investir dans des moyens durables d'enrichir cette offre, comme le recyclage des matières premières.

Jonas Theyssens, analyste actions KBC Asset Management

 

Le revers de la médaille, ce sont les quantités de matières premières nécessaires à la production d'énergies renouvelables.  L'acier, mais aussi les métaux rares, sont indispensables. L'offre peine à répondre à la demande. ‘Il sera important d'investir dans des moyens durables d'enrichir cette offre, comme le recyclage potentiel de ces matières premières’, ajoute Jonas Theyssens. 

 

Outre la production d'énergies renouvelables, il importe également de réduire la consommation d'énergie actuelle. Les gains les plus importants peuvent être réalisés en rendant plus économes en énergie les immeubles de bureaux et les habitations, qui représentent plus de 40% de la consommation annuelle mondiale d'énergie. Les producteurs de matériaux de construction respectueux de l'énergie, d'éclairage LED et de systèmes de chauffage et de climatisation économes en énergie bénéficieront du durcissement de la réglementation et de la stratégie de  rénovation durable. 

 

L'avenir appartient aux voitures électriques ainsi qu'aux sources d’énergie pauvres en carbone pour recharger le parc automobile électrique de demain.

Jonas Theyssens, analyste actions KBC Asset Management

 

Si nous voulons sortir totalement des combustibles fossiles, nous ne pouvons pas non plus faire l'impasse sur le parc automobile. Selon les chiffres de l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA), une voiture sur cinq vendue l'an dernier était électrique. Si l'on inclut les voitures hybrides rechargeables, presque plus de 30% des voitures neuves sont équipées d'une prise. La croissance exponentielle des voitures électriques nécessite bien entendu le développement des infrastructures de recharge. Mais d'autres formes de transport, comme les camions, les transports publics, les cargos ou les avions, doivent également chercher d'autres carburants. L'hydrogène, les biocarburants et les batteries de nouvelle génération n'en sont encore qu'à leurs débuts, mais ils ont le potentiel de détrôner le pétrole. 

 

Le passage à l'énergie verte peut être considéré comme un changement structurel, ayant un impact majeur sur l'environnement ainsi que sur vos investissements.

Jonas Theyssens, analyste actions KBC Asset Management

 

La transition vers une économie pauvre en carbone est indispensable pour freiner le changement climatique. Des milliards sont investis dans le monde entier. Et ces investissements massifs sont non seulement bénéfiques pour le climat, mais ils offrent aussi des opportunités aux investisseurs.

 

La barre est placée haut et la réalisation des objectifs sera un véritable défi. ‘L’investisseur doit se montrer vigilant et maintenir une ample ventilation’, conclut Jonas Theyssens.

 

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Cet article est purement informatif et ne doit pas être considéré comme un conseil en investissement.